Le RTES réunit des collectivités territoriales qui s’engagent pour le développement de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) sur leur territoire. Il rassemble aujourd’hui plus de 130 collectivités, conseils régionaux, conseils départementaux, métropoles, intercommunalités et communes, qui ont manifesté le besoin d’un espace d’échanges et de coordination nationale.
Interview de Anne-Laure Federici, déléguée générale du Réseau des collectivités Territoriales pour une Economie Solidaire (RTES)
Vous fédérez des collectivités autour du soutien à l’ESS, à quels besoins l’ESS pourra-t-elle répondre demain en complémentarité de l’intervention publique ?
L’ESS répond déjà aujourd’hui à nombre de besoins dans les territoires. Imagine t’on un territoire sans mutuelle, sans coopérative, sans association ? Manger, habiter, travailler, se déplacer, être protégé face aux aléas de la vie, autant de besoins à l’échelle des individus auxquels l’ESS répond. L’ESS c’est aussi une économie du lien avant d’être une économie du bien, nous sommes convaincus que l’ESS représente l’économie de la transition des territoires.
A votre avis, qu’attendent les collectivités de la présence de tiers-lieux sur leur territoire ? Et en milieu rural ?
Les collectivités sont aujourd’hui extrêmement intéressées par ces espaces hybrides, qui sont à la croisée de différentes politiques publiques : l’emploi et ses nouvelles formes, l’ESS, le numérique, l’innovation, la lutte contre le réchauffement climatique, l’aménagement du territoire, … Inscrits dans des dynamiques collectives, les tiers- lieux sont en particulier en milieu rural perçus comme un outil pour le maintien ou la création nouvelle d’activités sur le territoire.
Comment impliquer les élus dans la gouvernance de ces projets territoriaux souvent initiés par des habitants, des collectifs, des associations ?
Du côté des acteurs, il est important de considérer que les collectivités et les élus ne sont pas que des financeurs, mais des partenaires potentiels, qui peuvent être mobilisés dès le début du projet. Cela demande du temps, de la confiance. Nous prônons au RTES des politiques publiques co-construites avec les acteurs, qui peuvent être un terreau favorable à l’émergence et au développement de ces projets.
Pensez-vous que le phénomène des tiers-lieux soit durable ? Si oui, Pourquoi ?
Si bien sûr les tiers-lieux ne sont pas la solution miracle et n’ont pas encore tous trouvé leur modèle économique dans la durée, ils répondent sans aucun doute à des tendances de fond : évolution des formes d’emploi et d’activités, recherche d’autonomie mais aussi de formes de collectif souples, développement du télétravail et du nomadisme, fabrication numérique,
Le RTES s’intéresse de plus en plus aux territoires ruraux. Que voyez-vous comme spécificités par rapport au monde urbain ?
Le RTES mène en effet le projet TRESSONS, avec l’Avise, qui a comme objectif d’analyser et de renforcer l’impact de l’économie sociale et solidaire en milieu rural. La part de l'ESS dans l'emploi est plus importante dans les zones rurales qu'ailleurs. Bien que confrontée à un certain nombre de défis - précarité de l'emploi, inégalités hommes/femmes - l'ESS participe au regain d'attractivité observé sur ces territoires et se retrouve au cœur de filières d'avenir telles que l'alimentation durable, l'économie circulaire, la production énergétique ou les mobilités douces. L’ESS apporte des réponses notamment parce que les caractéristiques communes des territoires ruraux au-delà de leur diversité (faible densité notamment) rendent plus qu’ailleurs nécessaire de penser un autre modèle économique, basé sur l’hybridation des ressources (publiques, privées et citoyennes) et sur la sobriété. Et les acteurs publics ont un rôle majeur à jouer pour le développer.